L’argent est rarement le sujet affiché au premier plan d’un film pour nous renseigner directement sur son usage, son incidence et son importance dans la vie familiale. Sa place à l’interface du groupe familial et de l’individuel, mais aussi de l’inconscient et  du « monde réel », fait la complexité de son approche, qui ne peut omettre sa dimension sociale et générationnelle. Cette nouvelle édition de Cinépsy tentera de  dépasser l’exploration du comportement particulier d’un sujet relatif à l’argent, avec ses traits  d’analité ou d’oralité, pour aborder celle de la famille entière, de son fonctionnement groupal et de son inscription sociale.

Le cinéma  montre la permanence de ce thème depuis sa création jusqu’à nos jours. Qu’il puise ou non dans la littérature (L’Avare, Eugénie Grandet…), il en explore les différentes facettes : l’emprise exercée par un pervers à travers l’emploi de l’argent, le jeu et son addiction, les dépenses compulsives d’un conjoint, les disputes autour des héritages…, mais aussi la précarité et la misère issues de son manque. Que leur trouver de commun? La quête du pouvoir, mais aussi celle de l’indépendance dans la différenciation sont consubstantielles de la recherche d’argent. L’écoute familiale, le partage dans la thérapie permettent de se décentrer du seul comportement pathologique du sujet singulier pour découvrir les complémentarités inconscientes participant au trouble et à sa répétition dans l’intersubjectivité. A l’écoute de plusieurs films venus de temps et d’horizons divers, les psychanalystes familiaux tentent d’éclairer les travers du fonctionnement psychique relatif à l’argent, leur articulation avec les fantasmes et idéaux groupaux et générationnels, tous processus que le regard des professionnels du cinéma aura contribué à révéler par l’analyse filmique, mettant en évidence les moyens artistiques employés par les auteurs concernés.